3 questions à Aurélie NAT et Françoise DEBATS de l’APIAF (Association pour la Promotion des Initiatives Autonomes des Femmes)

1) Pouvez-vous nous présenter les actions et le rôle de l’APIAF Toulouse ?

Depuis 1981, depuis sa création, l’APIAF est engagée pour la défense des droits des femmes et la promotion de l’égalité hommes-femmes.
Nous menons des actions en direction des femmes en difficultés, et plus spécifiquement les femmes qui subissent des violences.
Les permanences organisées deux fois par semaine sont un lieu de premier accueil. C’est l’activité centrale autour de laquelle s’articule la dynamique globale de l’ensemble de nos actions : action d’accompagnement individuel ou collectif, écoute, hébergement, action d’insertion, activités culturelles. Nous recevons chaque année plus d’un millier de femmes sur nos permanences.
Nous sommes affiliées à la Fédération Nationale Solidarité Femmes qui gère le numéro d’écoute sur les violences conjugales 3919.
Nous gérons également un centre d’hébergement pour femmes avec et sans enfants.
L’APIAF co-anime avec l’association Olympe de Gouges la plateforme SIAO 31 (Service intégré d’accueil et d’orientation) pour les demandes d’hébergement des femmes victimes de violences.
La dynamique de notre association s’appuie sur les potentialités et les compétences des femmes à tous les moments de leurs parcours, pour leur permettre leur réinscription dans le tissu social.

2) Avez-vous remarqué des changements et/ou accentuations dans les sollicitations depuis le début de la crise sanitaire ? Qu’est-ce qui a changé pour les femmes ?

Pour les femmes victimes de violences conjugales, le confinement a rendu plus difficile et dangereux leur quotidien avec leur conjoint violent. L’ensemble des associations accueillant des femmes victimes de violences ont été particulièrement mobilisées et leurs préoccupations ont été relayées par les pouvoirs publics et les médias. Le 3919, numéro d’écoute géré par la Fédération solidarité femmes, à laquelle l’Apiaf est affiliée depuis sa création, a été un maillon essentiel et a fait face à une augmentation massive des appels lors de la première période de confinement.
Localement, nous avons fait face à un nombre très important de sollicitations à la sortie du 1er confinement, les femmes nous expliquant que cette période d’enfermement avait été révélatrice pour elle de la violence qu’elle subissait et ne voulaient plus subir.

3) Expliquez-nous le projet du gouvernement sur le « 3919 », et ses conséquences pour les associations et pour les femmes ?
Le gouvernement avait lancé une procédure de marché public pour une mise en concurrence de la ligne d’écoute 3919 Violences Femmes Info, ligne téléphonique créée et gérée par la fédération nationale Solidarité Femmes. Elle assure cette mission d’intérêt général depuis plus de 30ans et a prouvé son utilité et son efficacité auprès de centaines de milliers de femmes victimes.
L’ensemble des associations féministes est soulagé d’avoir obtenu du gouvernement un coup d’arrêt à la procédure de marché public voulant imposer la mise en concurrence. Elles se réjouissent de la décision d’interrompre la procédure et espère un engagement à soutenir la fédération Solidarité Femmes qui assure un maillage territorial dense grâce à ses 67 associations qui proposent un accueil et un accompagnement aux femmes victimes de violences conjugales et à leurs enfants.

4) Question bonus : La situation est grave, au niveau des droits des femmes et au niveau des violences qu’elles subissent, y a-t-il néanmoins des perspectives positives , des raisons d’espérer ?

On se réjouit du mouvement de libération de la parole des femmes initié par #Metoo il y a deux ans. On voit que cette vague de dénonciation massive des violences machistes continue et qu’enfin les femmes sont entendues ! Beaucoup de jeunes femmes prennent à leur compte la lutte pour les droits des femmes et l’égalité, c’est vivifiant ! Le mouvement féministe est plus que jamais dense et multiple, la dynamique locale autour de la préparation du 8 mars avec une manifestation unitaire initié par Toutes en grève en est la preuve.
On se réjouit également qu’il y ait enfin une prise de conscience de l’ensemble des violences que vivent les femmes dans l’espace intime. La lutte contre ses violences qui est devenue un sujet politique à part entière doit maintenant se traduire par des actes concrets tant de la part des pouvoirs publics que dans la société civile.

– Pour aller plus loin : Le site de l’APIAF
– Pour réagir, s’exprimer : Notre Tribune Libre ( Nous pourrons aussi faire suivre vos questions et remarques...)

3 questions à Aurélie NAT et Françoise DEBATS de l’APIAF (Association pour la Promotion des Initiatives Autonomes des Femmes)

3 questions à Aurélie NAT et Françoise DEBATS de l’APIAF (Association pour la Promotion des Initiatives Autonomes des Femmes)