Le ministère organise les 4 et 5 novembre les Etats Généraux du Numérique. Dans ce cadre là, le Rectorat de Toulouse organise des Etats généraux territorialisés ce mercredi 30 septembre pour lesquels les IEN relaient les invitations et les appels à contributions en ligne des collègues.

Autour d’une Enième priorité affichée du gouvernement... se dessine une vaste opération de communication bien huilée pour servir la politique éducative de Blanquer...

Ci dessous quelques éléments de réflexion sur les usages et les enjeux du numérique à l’ECOLE

La fermeture brutale des écoles et le confinement ont contraint les professeurs des écoles à s’adapter très vite à l’enseignement numérique à distance, sans aucune formation, avec leurs propres outils. Ils ont dû trouver des solutions pour garder ce lien avec leurs élèves, avec le souci permanent d’accompagner au mieux les élèves et les familles les plus en difficulté.

Une adaptation contrainte

Très rapidement, les outils proposés par le ministère ont montré leurs limites. Les activités par niveau proposées par le CNED avec « Ma classe à la maison », tout comme les classes virtuelles, se sont heurtées à plusieurs obstacles et ont posé la question des inégalités scolaires. De nombreuses familles ne possèdent pas l’équipement requis, manquent d’ordinateur, d’imprimante (les livrets à imprimer diffusés par l’institution comptant jusqu’à 200 pages) , de webcam ou de micro... Sans compter le nécessaire espace de travail au calme dans le logement pour chaque enfant. À cela s’est ajoutée la nécessité pour les familles de maîtriser les codes de l’école afin d’aider les enfants d’âge primaire à l’autonomie insuffisante à s’y retrouver.

Le confinement a été compliqué sur le plan professionnel, en raison du caractère inédit de la situation mais aussi du manque d’équipement et de formation institutionnelle aux outils éducatifs numériques. Une très grande majorité des PE a éprouvé des difficultés à exercer son métier, surtout les plus jeunes (87%) et ceux exerçant en éducation prioritaire (82%). Ils ont dû s’auto-former, partir à la recherche de ressources pédagogiques, inventer des moyens pour garder le lien, et ceci dans l’urgence.

Des enjeux importants

Cet épisode inédit montre la nécessité de réfléchir à l’utilisation du numérique à l’école. Ce qui s’impose c’est que l’école à distance, ce n’est pas l’école. Elle est et doit rester le lieu des apprentissages possibles grâce aux interactions sociales dans un cadre collectif.

Le confinement a accéléré et amplifié les difficultés des élèves pour lesquels il était déjà difficile de construire la réussite scolaire en présentiel.

La perte des interactions sociales et pédagogiques, des organisations variées en fonction des objectifs d’enseignement, des moments formels et informels nuit à l’ensemble des élèves et impacte particulièrement les élèves des milieux populaires.

Le SNUipp-FSU défend un service public du numérique, garantissant l’accès aux informations et services en ligne pour toutes et tous, permettant l’équipement et la formation des publics socio-économiquement défavorisés, victimes de la fracture numérique. Le développement d’outils Education Nationale et la promotion de ressources libres est également souhaitable pour préserver l’école publique et son indépendance des pressions du secteur marchand.

En matière éducative, l’école doit se donner comme finalité la formation des futur.es citoyen.ne.s à la compréhension des informations circulant en ligne, dans une perspective de réduction des inégalités sociales et scolaires et proposer un usage raisonné des écrans, en particulier à l’école maternelle.

Le numérique, comme les autres outils peut être utilisé au service de différents choix pédagogiques. Mal utilisé, il pourrait orienter les contenus ou les pratiques d’enseignement, notamment être le levier d’une individualisation excessive des apprentissages, loin de la pédagogie active et des interactions sociales nécessaires aux apprentissages. Il ne s’agit pas de nier qu’ordinateurs et outils numériques, parce qu’ils sont devenus incontournables dans la société d’aujourd’hui, ont toute leur place à l’école mais il est nécessaire d’avoir des débats et de de se questionner collectivement sur les finalités et les usages du numérique à l’école.

Pour le SNUipp-FSU, l’école doit rester le lieu de la socialisation et des interactions qui permettent à chacun-e d’avancer dans une dynamique collective. Les enfants ont besoin d’un adulte pédagogue qui encadre et médiatise leurs apprentissages.

Les nouvelles technologies représentent également un marché juteux et sont une aubaine dans l’avancée du projet néolibéral de Blanquer : marchandisation du système éducatif, individualisation des apprentissages, renvoi des missions du service public d’éducation à la sphère privée...
Cette transformation en profondeur du système éducatif échappe à tout débat démocratique, et tend à faire de l’école un bien de consommation.

Le SNUipp-FSU combat cette vision néolibérale de l’école et œuvrera à la construction d’un service public du numérique scolaire, ouvert à toutes et tous, où l’acquisition des savoirs permettra aux enfants d’aujourd’hui de devenir des citoyen·nes éclairé·es en prise sur le monde.

Pour pouvoir utiliser l’outil numérique, les professeurs des écoles ont besoin de bénéficier d’une solide formation. Par ailleurs, le financement des équipements informatiques par les seules communes est souvent un frein pour les équipes et accentue des disparités sur le terrain. Un cahier des charges national et un financement de l’Etat sont nécessaires pour l’équipement et l’assistance technique des écoles et des classes.

Numérique à l'école : Pour quels usages ?

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